Synthèse d’Arts Martiaux chinois et japonais, le Shorinji Kempo est né de la volonté d’un homme, So Doshin, qui décida, après 17 ans passés en Chine, de codifier et d’organiser les techniques que lui avaient enseigné de manière disparate des Maîtres chinois. Cette décision fut prise lorsque, de retour au Japon en 1946, il découvrit son pays plongé dans un profond désarroi suite à la guerre, ayant perdu tous ses repères moraux et sociaux, et où se côtoyaient la misère et l’égoïsme. Il réfléchit au moyen de se rendre utile au redressement de son pays et comprit que pour rendre leur dignité à des personnes désemparées, les bonnes paroles ne suffisent pas. Il s’appuya donc sur sa connaissance des Arts Martiaux pour enseigner un système d’auto-développement conçu, non pour se battre ou vaincre un adversaire, mais pour apprendre le contrôle de soi et trouver un équilibre physique et mental. En quelque sorte, devenir fort pour être en harmonie avec soi-même et avec les autres. Il appela cet enseignement le Kongo Zen, et c’est ainsi que naquit le Shorinji Kempo moderne.
Principe de base : « Vivons moitié pour nous-même, moitié pour les autres »
C’est par ces mots que Doshin So a choisi d’exprimer le principe de base du Shorinji Kempo. C’est une discipline où l’apprentissage des techniques se fait grâce à la collaboration avec un partenaire dont le rôle est autant de comprendre que d’aider à comprendre. En se basant sur ce principe d’entraide et de compréhension mutuelle, le Shorinji Kempo, à travers son enseignement, veut aider à l’accomplissement des personnes. L’étude se faisant à deux, I’individu recherche non seulement son propre bonheur, mais également celui des autres. Le but du Shorinji Kempo est la création d’un monde pacifique, I’accomplissement et le bonheur de I’homme, et non le profit personnel.
Le Maître Aosaka, 8e Dan, directeur technique de la Fédération Française. Aosaka Sensei est né le 19 avril 1946 à Tsukumishi dans l’île de Kyushu. Il fut mandaté par SO DOSHIN, le fondateur, pour développer le Shorinji Kempo en France et en Europe. C’est pourquoi il s’installa à Paris en 1972. Depuis, il s’est entièrement consacré au développement du Shorinji Kempo français et européen. La Fédération Française de Shorinji Kempo est née en 1973 de la volonté d’un groupe de pratiquants qui souhaitaient lui permettre de transmettre son enseignement en toute liberté et de pratiquer dans le cadre légal d’une fédération au service de tous les pratiquants (les kenshis).
Le Shorinji Kempo a sa propre organisation organisation mondiale. A travers une notion de tolérance religieuse et politique, I’Organisation Mondiale du Shorinji Kempo (WSKO) a pour principale mission le développement des liens d’amitié entre tous les pays membres et une contribution à la réalisation de la paix dans le monde par la promotion et la pratique du Shorinji Kempo. Actuellement, 3154 clubs présents dans 28 pays regroupent plus d’1,5 million de pratiquants. Au Japon, le Shorinji Kempo est une des neuf organisations d’arts martiaux modernes et fait également partie de l’Association des Budo Japonais au côté des disciplines suivantes: Judo, Kendo, Aïkido, Karatedo, Kyudo, Naginata, Sumo et Jyukendo. En mai 1980, à la disparition du fondateur Shike Doshin So, sa fille Yuuki So lui a succédé au poste de Présidente de l’Organisation Mondiale du Shorinji Kempo.
Le Shorinji Kempo créé en 1947 au japon par maître So Doshin est une méthode complète d’autodéfense dans laquelle on trouve de nombreuses techniques de frappe, de projection et de contrôle. La particularité de cette école est que Shike So Doshin , le fondateur, a su mettre en avant un enseignement philosophique qu’il nomma Kongo Zen afin que l’on puisse bien appréhender l’efficacité de nos techniques. Le mot Kongo vient de Kongo-Shin qui est le nom Zen des divinités protectrices du Bouddhisme. Si, bien souvent, les articles sur le Shorinji Kempo traitent de ses techniques de frappe, de défense ou de ses projections, ils n’abordent que rarement un point essentiel de notre discipline : l’étude des Keimyaku. Keimyaku désigne la connaissance et l’utilisation des points vitaux ou des points faibles du corps humain.
Cette science des points a toujours été au cœur de la médecine traditionnelle chinoise et japonaise. Même si, encore de nos jours, la science occidentale ne peut pas toujours expliquer ni pourquoi, ni comment cela fonctionne, le fait est que ces points « vitaux » peuvent être utilisés pour blesser, tuer, tout autant que pour soigner les personnes.
Les techniques du Shorinji Kempo sont construites autour de l’utilisation de ces points faibles dans le but de neutraliser un agresseur sans lui causer de blessures graves.
Le Shorinji Kempo utilise près d’une centaine sur plus de 700 points « vitaux », répertoriés.
Sur plus de 700 points « vitaux », répertoriés dans les différentes écoles indiennes, chinoises et japonaises, le Shorinji Kempo en utilise à peu près une centaine.
L’apprentissage de cette science est progressif et ne peut être acquise qu’auprès d’un bon instructeur. Rapidement, au Shorinji Kempo, un débutant se familiarisera avec la localisation et l’utilisation de ces points pour ses techniques de défense. Evidement, les premières années, tant que le professeur n’est par sûr de la valeur « morale » de son élève, il n’enseigne que des points simples et sans réel danger pour la santé des personnes. Il serait dangereux et inconscient de révéler à des individus instables ou agressifs des techniques aussi destructrices.
Parvenu au grade de 3e dan, le niveau où l’on peut devenir professeur de Shorinji Kempo, le kenshi (pratiquant du Shorinji Kempo) connaîtra ainsi 78 de ces points répartis sur tout le corps : tête, visage, cou, bras, mains, jambes, pieds, poitrine, ventre et dos. Lors de son passage de grade au 3e Dan, l’élève peut être interrogé par exemple sur le nom et la localisation de ces points.
Ils sont situés sur certaines zones du corps humain plus vulnérables que d’autres et sont dûs à la présence, à ces endroits précis, d’un organe vital, d’une terminaison nerveuse, d’un point énergétique, d’une cavité… Certains points s’atteignent en frappant, d’autres en pressant et plusieurs d’entre eux peuvent voir s’utiliser l’une ou l’autre de ces méthodes.
Savoir localiser précisément ces points pour les utiliser n’est ni simple, ni suffisant. Cela équivaut à lire sur une carte marine l’existence de plusieurs îles, mais d’être incapable d’utiliser les instruments de bord pour naviguer.
Par exemple, certains points ne fonctionnent en pression que sur des muscles détendus, là où d’autres s’utilisent sur une muscle contracté. De même, en percussion, si l’angle d’attaque est incorrect, l’effet est nul. La forme de l’atémi (littéralement coup au corps) a également une importance primordiale. Pour une frappe ou une pression, on utilisera une partie spécifique du poing, du bras, de la main, de la jambe ou du pied selon le point à atteindre.
Si, avec cette science des points « vitaux », on peut facilement provoquer un évanouissement, une paralysie ou une douleur intense, il existe, en parallèle, l’apprentissage d’un travail thérapeutique que nous nommons, au Shorinji Kempo, Sei Ho. Sei Ho est une technique magnifique qui permet de rétablir et maintenir une bonne santé. Il s’agit d’un travail de pression et de massage sur des points « vitaux » que nous faisons en principe après chaque entraînement.
Sei Ho permet de rééquilibrer les méridiens, de rétablir les nerfs, la circulation et d’autres fonctions du corps. Avec ces techniques, il est possible également de chasser la fatigue du corps, de calmer des douleurs dues à un coup ou de faire revenir à lui une personne mise k.o. Au dojo, grâce à Sei Ho, nous entretenons notre santé en permettant aux os, nerfs, organes, viscères, et à la circulation d’être en bonne condition. Sei Ho ne doit être pratiqué que sous l’œil vigilant d’un professeur qualifié ou après avoir été complètement maîtrisé afin d’éviter de créer des dommages sur l’ensemble de l’équilibre physique. Sei Ho est une méthode simple mais qui exige de développer sa pratique afin d’en retirer tout son bénéfice.
Sur une technique comme les saisies, le Shorinji Kempo utilise des pressions ou des torsions sur des points douloureux pour se dégager, contrôler ou projeter l’adversaire. Le Shorinji Kempo s’appuie donc sur des moyens naturels: percussions, pressions, déséquilibres, projections, etc, et sur une bonne connaissance des points faibles du corps humain. Ces deux aspects permettent de ne pas faire appel à la force, et d’être ainsi accessible au plus grand nombre, quels que soient l’âge ou la morphologie.